11/04/2014

Le Château de Chenonceau à l'époque des Marques et des Bohier

En 1432, Charles VII autorise Jean Marques à relever son château, qui avait été rasé vers 1411, son père ayant rejoint les anglais. Marques se mit donc à l'oeuvre, rebâtit son manoir sur le bord du Cher, au sommet d'un escarpement artificiel, et l'entoura des trois autres côtés de douves larges et profondes, qui communiquaient avec la rivière. Une tour puissante (la tour des Marques qui subsiste encore) s'élevait à l'un des angles de l'enceinte. Marques construisit en outre un moulin sur de fortes piles dans le lit même du Cher, en face de ce château, et ce moulin, qui était vraisemblablement fortifié, commandait le passage de la rivière. C'est sur ses fondations que sera construit le château Renaissance. Ces grands travaux entraînèrent la ruine de la famille Marques.
Alors que Marques marchait à la ruine, un riche financier, Thomas Bohier, surveillait cette ruine avec beaucoup d'intérêt, dans le dessein d'en profiter. Il acheta dans un premier temps plusieurs domaines dépendant de Chenonceau, et parvint ainsi à "étouffer" le seigneur ruiné de Chenonceau. Après une vingtaine d'années de péripéties administratives, les Marques sont officiellement expropriés en 1513.
Devenu propriétaire de Chenonceau au mois de février 1513, Bohier s'occupa de réaliser les grands projets qu'il avait conçus pour ce domaine. Les différentes seigneuries qu'il avait achetées dans le voisinage formant un ensemble assez considérable pour constituer une châtellenie, il se pourvût auprès de Louis XII, et le roi, par lettre patentes données à Blois l'année suivante, éleva la seigneurie de Chenonceau d'un degré dans la hiérarchie féodale.
Les deux voyages de Thomas Bohier en Italie avec Charles VIII et Louis XII avaient éveillé en lui le goût des arts, et il eut l'ambition de construire un des plus beaux châteaux de son époque. Il est probable qu'il commença cette construction dès l'année 1513, aussitôt après l'adjudication de la terre. Mais ayant été envoyé de nouveau en Italie en 1515 pour administrer les revenus du duché de Milan et veiller à la subsistance des troupes, il laissa à sa femme Catherine Briçonnet le soin de diriger les travaux. C'est ici que commence le destin féminin du Château de Chenonceau.
C'est sur les piles de l'ancien moulin des Marques que Bohier assit son château. La construction du Château de Chenonceau n'exigea que quatre ou cinq ans de travail car le gros oeuvre était terminé en décembre 1517. La consécration de la chapelle fut faite l'année suivante par le frère de Thomas Bohier, Antoine, cardinal-archevêque de Bourges.
Thomas Bohier, constructeur du Château de Chenonceau, meurt le 24 mars 1524 (il y a tout juste 490 ans) au camp de Vigelli, dans le Milanais. Le corps du général des finances est rapporté d'Italie et inhumé dans l'église Saint-Saturnin de Tours. Son tombeau (et celui de sa femme Catherine Briçonnet qui décède deux ans plus tard) est exécuté par les sculpteurs italiens Giusti (ou Juste). Il est entièrement détruit à la Révolution, de même que l'église Saint-Saturnin.
Après le décès de Thomas Bohier et de Catherine Briçonnet (on retrouve leurs armoiries sur la porte d'entrée monumentale), Antoine Bohier hérite du Château de Chenonceau. À cette époque, François Ier cherche à ruiner les puissants financiers qui détenaient le pouvoir sous Louis XII. Après Semblançay, condamné à mort en 1527 à l'âge de 82 ans, et Berthelot (constructeur du Château d'Azay le Rideau) qui devra fuir son château inachevé, Antoine Bohier est contraint d'offrir plusieurs de ses châteaux, dont celui de Chenonceau, au roi de France. François Ier en donna l'intendance à Philibert Babou, baron de la Bourdaisière. Le château sert alors de rendez-vous de chasse et n'est pas meublé.
Source : Le château de Chenonceau : notice historique (5e éd.) / par M. l'abbé C. Chevalier, 1882.

01/04/2014

Les travaux du nouveau maire de Tours !

Jean Germain, maire de Tours depuis 1995, ne s'était pas illustré pour sa protection du patrimoine ces dernières années. Le nouveau maire de Tours, Serge Babary, avait cependant un programme beaucoup moins fourni dans ce domaine. On peut donc espérer qu'il sera plus facilement réalisable. Un de ses projets était notamment la création d'un grand spectacle historique à Marmoutier, ce qui serait un moyen de mettre en valeur ce site hautement historique qui ne peut être visité que certains jours lors de visites guidées.
De plus, son principal projet en matière de patrimoine était d'"aménager un Espace Renaissance par une rénovation ambitieuse du château de Tours sur le modèle des nouveaux musées mondiaux". Ce projet serait à retravailler, surtout parce qu'il pose un problème : Comment aménager un "Espace Renaissance" dans un château médiéval ? Pour la rénovation ambitieuse du château, cependant, on ne peut être qu'en accord avec lui, surtout lorsqu'on voit l'état de la muraille gallo-romaine à ses pieds.
La décision de la précédente municipalité de recouvrir ces vestiges était-elle si judicieuse ? Ils pensaient certainement qu'en faisant cela ils n'auraient plus besoin de s'en occuper, mais au vu des derniers écroulements il ne faudrait pas perdre de temps !
À mon avis (qui n'est que celui d'un jeune étudiant en histoire de l'art), il faudrait songer à déblayer à nouveau ces vestiges, afin d'y installer un musée. Comme je le disais dans l'article précédent, pourquoi ne pourrait-on y installer le musée de la Société Archéologique de Touraine ? Il serait ainsi à proximité immédiate de leur bibliothèque (qui se trouve dans le Logis des Gouverneurs) et de leur futur siège social (dans l'église Saint-Libert). L'hôtel Gouïn, dont la restauration est en voie d'achèvement, serait alors disponible pour recevoir un musée plus en lien avec la Renaissance !
Enfin, en plus de ses projets, Serge Babary va hériter de ceux initiés par Jean Germain. On peut notamment penser à la restructuration du haut de la rue Nationale avec la création de deux hôtels de luxe. La création de ces deux immeubles va amener à modifier radicalement cette entrée de ville, et va surtout cacher l'église Saint-Julien bientôt restaurée. 
L'entrée de ville de Tours a toujours été marquée par la symétrie. Lors de la reconstruction de centre de la ville, après la Seconde Guerre Mondiale, le parti architectural était toujours symétrique. Cependant, l'édifice qui devait se trouver en face de la bibliothèque ne fut pas réalisé, car aucune fonction ne lui fut trouvée. On peut également noter que l'église Saint-Julien ne fut pas cachée et que son clocher servit même de modèle pour le couronnement des pavillons d'angle. On peut donc espérer que ce projet soit réalisé avec toujours ce respect pour le patrimoine existant, chose difficile pour deux immeubles placés à cet emplacement. Mais ces immeubles pourraient également compléter la symétrie inachevée du haut de la rue Nationale. Il faudrait alors créer deux bâtiments à l'ouest de la rue ; l'un reprenant avec exactitude le volume de l'église Saint-Julien, l'autre celui de la bibliothèque ; le tout de façon symétrique et en employant des matériaux volontairement modernes.