18/03/2014

Municipales à Tours : Et le patrimoine ?

À moins d'un semaine du premier tour des municipales, les projets de chaque candidat sont en grande partie dévoilés. Si chacun a ses propositions, que je n'ai pas à développer ici, celles concernant le patrimoine ne sont abordées que par deux candidats, Jean Germain, maire actuel, et Serge Babary.
Je ne m'attarderai pas sur les phrases du genre "mettre le patrimoine historique de Tours en valeur pour dynamiser le tourisme" qui n'apportent pas grand chose, mais seulement sur les faits.

Chez Jean Germain, plusieurs projets sont à retenir : 
- Installation du Centre de Création Contemporaine Olivier Debré à la place de l'Ecole des Beaux-Arts et mise en valeur du Musée du Compagnonnage.
- Restauration de la chapelle des Capucins (oeuvre de l'architecte du béton Auguste Perret) pour y accueillir un pôle dédié aux musiques anciennes. Il faut bien sûr que cet "accueil" soit effectué en respect avec l'architecture particulière du lieu.
- Le musée des Beaux-Arts verra son accueil au public entièrement repensé.
- Mise en valeur du quartier Paul Bert (aucun projet de restauration de l'église Saint-Symphorien).
- Restructuration de la place Saint-Pierre le Puellier, située près de la place Plumereau, et qui présente en son centre un trou montrant plusieurs tombes médiévales qui n'a pas été rebouché après les fouilles.

Serge Babary, quant à lui, propose de créer un grand spectacle historique à Marmoutier.

Enfin, il y a un monument au sujet duquel les deux candidats se rejoignent à peu près, c'est le château de Tours. Jean Germain voudrait voir un Musée dédié à l'histoire urbaine de Tours au Logis des Gouverneurs. Serge Babary voudrait "aménager un Espace Renaissance par une rénovation ambitieuse du château de Tours sur le modèle des nouveaux musées mondiaux". Qu'entend-il par "rénovation ambitieuse" ? N'est-ce pas exagéré de vouloir une rénovation "sur le modèle des nouveaux musées mondiaux" ? À quoi pense-t-il ? Mais surtout... pourquoi installer un "Espace Renaissance" dans un château du Moyen-Âge ?!
C'est d'autant plus curieux que l'hôtel Gouïn, l'un des premiers édifices Renaissance de France, est en phase terminale de restauration !
Quoi qu'il en soit, ces projets autour du château de Tours sont une excellente idée. Il faudrait certainement voir avec la Société Archéologique de Touraine pour que leur futur musée soit installé au château de Tours (il serait ainsi à proximité immédiate de leur bibliothèque et de leur futur siège social dans l'église Saint-Libert), ce qui libérerait l'hôtel Gouïn pour y installer un musée plus en lien avec la Renaissance.
Le Logis des Gouverneurs et le Château de Tours

15/03/2014

La basilique Saint-Martin de Tours

La basilique Saint-Martin de Tours est située dans la centre de la ville, dans l'ancien quartier de Châteauneuf, près du transept sud de l'ancienne basilique Saint-Martin. La basilique est commencée en 1886, inaugurée en 1890 et achevée en 1902 d'après les plans de Victor Laloux (1850-1937). Ce dernier nait à Tours et réalise deux autres édifices de cette ville : la gare (1896) et l'hôtel de ville (1898), ainsi que la gare d'Orsay à Paris (1898).
Les conditions dans lesquelles Laloux a été amené à créer sa basilique sont responsables de ses dispositions particulières. En effet, la basilique devait prendre place dans un espace plutôt réduit, mais elle devait tout de même être assez imposante pour rappeler l'importance du personnage qui y était inhumé. C'est pour cette raison que l'on peut voir un fort étagement des constructions, en particulier au niveau du chevet. Ce même souci de gain d'espace est visible par l'utilisation de la totalité de la parcelle de terrain qui lui avait été allouée pour la basilique. Le chœur est donc transféré dans la croisée du transept pour gagner de la place. C'est aussi dans la hauteur et les différents niveaux que Laloux va réussir à reproduire le modèle antique de la basilique en le réadaptant aux exigences modernes. Ainsi, comme dans les basiliques antiques, le transept n'est pas saillant. Cependant il est tout de même marqué, étant bien plus haut que les bas-côtés et les absidioles qui lui sont accolés, afin de se rapprocher du plan en croix latine.
L'emploi des colonnes en granite pour le vaisseau central est une autre référence à l'antiquité qui a été réadaptée, puisqu'il s'agissait normalement de colonnes en marbre. De même pour les chapiteaux corinthiens réinterprétés qui sont ornée de croix, d'armures et de coquilles, références à saint Martin.
Enfin, tout comme certaines basiliques antiques avaient des représentations de l'empereur qui les avaient faites construire, la basilique Saint-Martin possède des représentations de personnages locaux. Dans la coupole par exemple, autour de saint Martin trônant, on trouve quatre représentations d'évêques : saint Gatien, saint Ambroise, saint Lidoire et saint Hilaire. Ils ont tous les quatre un lien soit avec Tours, soit avec saint Martin. Au-dessus de la grande arcade du chœur, on trouve des représentations de saint Brice et saint Perpetuus, qui sont tous les deux à l'origine de la construction ou de l'agrandissement d'une basilique sur le tombeau de saint Martin.
On peut également lire de nombreuses inscriptions en latin. L'une d'elles, située sur le tympan du portail de la façade sud, est une citation de Paulin de Périgueux, contemporain de l'évêque saint Perpetuus : « La ville de Tours jouit à perpétuité de son évêque Martin ». Ces inscriptions en latin permettent également de se rapprocher de l'antiquité.
Cette basilique est à replacer dans un contexte de grands chantiers de construction de la deuxième moitié du XIXe siècle. Elle peut être comparée à Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille (1853-1864), à Notre-Dame de Fourvière à Lyon (1872-1884) et au Sacré-Cœur de Montmartre à Paris (1875-1923). Ces trois édifices présentent tous de fortes références à l'antiquité ou au monde byzantin, notamment par la présence de colonnes, de mosaïques et de coupoles. À Tours, cette construction prend place dans une période de forte expansion de la ville. La statue de saint Martin sur le dôme est d'ailleurs tournée vers les nouveaux quartiers au sud. Pour Victor Laloux, la basilique Saint-Martin est sa première œuvre. Elle sera suivie en quinze ans par la plupart de ses grands chantiers, d'abord à Tours, puis à Paris avec la gare d'Orsay en 1898. La basilique est inscrite monument historique en 1991, environ cent ans après sa construction. C'est assez tardif si on la compare à la date d'inscription des autres monuments de Laloux : l'hôtel de ville de Tours (1975), la gare d'Orsay (qui est, elle, classée en 1978) et la gare de Tours (1984).